Mon Bien-Aimé avait une vigne…
Ce dimanche est celui « des vignerons ». Il souligne la place du peuple juif dans le projet de Dieu et son rôle à l’égard de l’humanité entière.
Ce projet commencé avec la création de l’homme, poursuivi avec la constitution du peuple d’Israël continue dans l’histoire jusqu’au jour du Messie à la fin des temps. Ce peuple est toujours précieux aux yeux de Dieu. En ce dimanche, l’Eglise nous rappelle cette vérité fondamentale.
Première lecture : Isaïe 5,1-7
A travers la parabole de la vigne, dont le sens est dévoilé au dernier verset de la lecture de ce jour : La vigne du Seigneur de l’univers, c’est la maison d’Israël. L’élection du peuple juif est incluse dans ce verset. La maison d’Israël est le bien propre du Seigneur de l’univers. Le prophète Isaïe veut dire tout l’amour du Seigneur pour son peuple. Il l’entoure de soins comme ferait un bien-aimé pour sa fiancée, allusion à l’Alliance de Dieu avec le peuple d’Israël. Pourquoi cette vigne a-t-elle donné de mauvais fruits ? Le peuple, comme chacun de nous, a été créé libre et peut ne pas correspondre à l’attente de Dieu. À noter une grave erreur dans la traduction liturgique : Le plant qu’il chérissait, ce sont les hommes de Juda. L’hébreu dit : Le plant de ses chérissements, ce sont les… La traduction laisse entendre que cet amour de Dieu pour son peuple est du passé !
Evangile : Matthieu 10, 33-43
Cette parabole dite des « vignerons homicides » est facile à attribuer à d’autres, précisément aux juifs. Ce sont eux qui ont mis à mort les prophètes et… le Fils ! Telle est l’interprétation qui a longtemps prévalu chez les chrétiens.
L’enseignement de l’Eglise depuis Vatican II nous invite à un autre regard : conformément au passage d’Isaïe, la vigne représente le peuple d’Israël dont Dieu est le propriétaire. Les vignerons chargés de prendre soin de la vigne et d’en récolter les fruits, ce sont les chefs des prêtres et les pharisiens, respectivement responsables du culte et de l’enseignement. A leur tour ils doivent prendre soin de la vigne. S’ils ne s’acquittent pas de cette fonction avec vigilance, la « vigne » sera attaquée par les bêtes sauvages et les passants indélicats (comprendre : le mal sous toutes ses formes).
Psaume : 80, 9.10.13.14.15.16.19.20
Les quelques versets retenus de ce psaume redisent l’amour de Dieu pour sa vigne, son peuple ; et le soin dont il l’entoure. Pourtant elle est livrée aux bêtes (symbole du mal) et aux hommes qui la détruisent peu à peu (la grappillent).
Deuxième lecture : Philippiens 4,6-9
La lecture de la lettre aux Philippiens se poursuit de dimanche en dimanche et invite à la prière confiante, car Dieu est avec ceux qui le prient.
Conclusion :
A travers les différents acteurs de l’évangile, c’est à nous, à chacun de nous, que Jésus s’adresse. A travers les chefs des prêtres et les pharisiens (certains pharisiens), il nous rappelle le soin dont il faut entourer son peuple qui est la prunelle de ses yeux (selon Za 2,12). L’enseignement de Vatican II s’appuie sur l’Ecriture bien qu’il ne la cite pas.
Notes
La maison d’Israël : le terme hébreu traduit par maison (bayit) peut signifier le bâtiment, la famille, la descendance, la tribu ou le peuple, parfois le sein d’une femme, voire la femme elle-même. Ici il est question du peuple d’Israël. Le bien-aimé : c’est Dieu ainsi nommé parce que partenaire dans l’Alliance avec le peuple d’Israël qui est « la fiancée ». Les chefs des prêtres : Sous l’autorité du Grand-Prêtre, ils étaient chargés du culte du Temple. A l’époque de Jésus ils appartenaient pour la plupart aux Sadducéens bien connus pour collaborer avec l’occupant romain. Leur souci du peuple était largement oblitéré par leur souci de plaire à l’autorité politique. |
Textes Parallèles
Isaïe 27,2 – 5 : La vigne délicieuse… Moi, le Seigneur j’en suis le gardien… Jérémie 2,21 : Je t’avais plantée comme un cep de choix… Ezéchiel 19, 10-14 : Ta mère était semblable à une vigne plantée au bord de l’eau … |