Celui qui mange de ce pain vivra éternellement…
Célébrée pour la première fois en 1246, la Fête-Dieu ou Fête du Saint Sacrement fut étendue à toute l’Église en 1264 par le pape Urbain IV. Aliments les plus ordinaires, le pain et le vin sont de ce fait sacrés depuis toujours. Et parce qu’ils sont sacrés, ils sont devenus sacrement c’est-à-dire ‘rite qui signifie la présence de Dieu et la provoque dans le même temps’. Dans le judaïsme, au début de tout repas, le père de famille prononce une bénédiction sur le vin et le pain, signifiant par là que la subsistance quotidienne est don de Dieu et qu’il convient de lui en rendre grâce. Jésus-juif s’est soumis à ce rite que l’Église a maintenu dans la célébration eucharistique.
Première lecture : Deutéronome 8, 2-16
La manne, jusque-là nourriture inconnue des Hébreux (cf. note), ne leur a été gratuitement donnée que pendant les 40 ans de traversée du désert. Si les 40 ans de marche ont un sens symbolique : passer de l’esclavage et de l’idolâtrie d’Égypte à la liberté des enfants du Dieu UN et UNIQUE, la manne elle aussi signifie davantage que la nourriture matérielle. Elle symbolise la force qui permet à l’être humain d’opérer ce ‘passage’ de l’esclave à l’homme libre, de l’adorateur d’idoles au serviteur de Dieu.
La manne et sa signification demeurent présentes à la mémoire juive puisque, jusqu’à aujourd’hui, le vendredi soir, deux pains sur la table du shabbat rappellent la double quantité qui en tombait la veille de ce jour. Ainsi la mémoire de la manne continue d’accompagner la marche des ‘fils d’Israël’.
Évangile : Jean 6, 51-58
La nourriture donnée par Dieu a toujours interrogé l’homme à qui elle était – à qui elle est – destinée. À la question des Hébreux au désert : Qu’est-ce que c’est ? fait écho celle de certains juifs au temps de Jésus : Comment (est-ce possible) ? Comme Dieu a accompagné son peuple pendant 40 ans lui donnant au jour le jour la nourriture nécessaire, ainsi il continue d’être avec chacun, se faisant lui-même nourriture. Et comme la manne a permis de traverser le désert et d’accéder à une vie libre, le pain de vie qu’est Jésus ouvre les portes de la Vie éternelle.
Psaume 147, 12-15. 19-20
Ce psaume, malheureusement tronqué et qu’il conviendrait de lire dans son entier, est une invitation solennelle à louer Dieu pour tous ses bienfaits. Il bénit Jérusalem, nourrit son peuple de pain et… de parole puisqu’il lui a donné, à lui et à aucun autre, sa Tora.
Deuxième lecture : 1 Corinthiens 10, 16-17
Ces deux versets constituent un petit traité de théologie. Ils affirment la présence réelle du Seigneur dans le pain et le vin, aussi que le Christ est principe d’unité, de l’unité de ceux qui y communient. La double question posée dans ce petit passage montre que cet enseignement n’était pas inconnu des fidèles. En effet, lors du Seder, le repas pascal, on boit encore 4 coupes. À l’époque de Jésus, la troisième coupe était bue avant la manducation de l’Agneau et le père de famille prononçait – et prononce toujours – une bénédiction d’action de grâces pour les bienfaits de Dieu. C’est probablement sur cette coupe que Jésus « institue l’Eucharistie » (cf. L. Pirot, La sainte Bible – tome XI).
Conclusion
Depuis qu’il a créé l’homme, Dieu prend soin de lui comme un Père dont le premier devoir est d’assurer à ses enfants le pain quotidien. Telle est l’expérience d’Israël dans le désert pendant 40 ans : expérience fondamentale sur laquelle s’appuie Jésus quand, à son tour, il donne « un pain venant du ciel ».
Manne : Ce terme est la transcription d’une expression hébraïque (manhou ?) qui signifie : Qu’est-ce que cela ? Telle fut la réaction des fils d’Israël lorsqu’ils découvrirent au matin une fine pellicule blanche sur la surface du désert. Les interventions de Dieu posent toujours question à l’intelligence de l’homme : Car ils ne savaient pas ce que c’était continue le texte de l’Exode. Fils d’homme : Empruntée au livre de Daniel (7,13) : Je regardais dans les visions de la nuit et voici, sur les nuées vint (quelqu’un) comme un fils d’homme…, cette expression a d’abord un sens collectif : elle désignerait le peuple et, plus précisément, le Messie, inclus dans le peuple. Jésus s’est donné plusieurs fois ce titre. |
Psaume 78, 24 : Pour les nourrir il fit pleuvoir la manne, Il leur donna le froment des cieux Matthieu 8, 20 : Le Fils de l’Homme n’a pas où reposer sa tête Matthieu 11, 19 : Vient le Fils de l’Homme mangeant et buvant Matthieu 17, 22 : Le Fils de l’Homme va être livré aux mains des hommes Matthieu 20, 28 : Le Fils de l’Homme n’est pas venu pour être servi… Matthieu 24, 30 : Alors apparaîtra dans le ciel le signe du Fils de l’Homme Matthieu 25, 31 : Quand le Fils de l’Homme viendra dans sa gloire Luc 22, 19-20 : Ceci est mon corps donné pour vous. Faites ceci en mémoire de moi… Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang versé pour vous Jean 6, 31 : Nos pères ont mangé la manne dans le désert, selon ce qui est écrit |