La fête de ce jour présente un double paradoxe. Son intitulé – Ascension du Seigneur – pourrait nous faire penser que cet événement spectaculaire est l’essentiel de ce qu’il faut retenir. L’autre paradoxe est que ce départ, cette privation, s’accompagne en fait d’un don magnifique, celui de l’Esprit Saint qui nous donne la force spirituelle de Jésus lui-même, nous met en mouvement vers les nations, et fait que Jésus est désormais plus qu’avec nous, en nous.
Livre des Actes des Apôtres Ac 1,1-11 :
L’Ascension n’est que l’accomplissement, le déploiement de la résurrection de Jésus, riche de conséquences qui surpassent l’Ascension. Nombreuses sont dans les Écritures les descentes et les montées de Dieu. Le Symbole de Nicée Constantinople l’atteste : « Pour nous les hommes et pour notre salut, Il descendit du ciel […] Il ressuscita […] et Il monta au ciel […] Il reviendra dans la gloire… » Après sa résurrection il apparut aux apôtres et leur parlait du Royaume de Dieu. Et le fait qu’il soit « assis à la droite du Père » confirme sa royauté. Au point que les apôtres lui demandent s’il va rétablir la royauté en Israël. Mais la question n’est pas là non plus. Car c’est à nous d’accomplir la mission d’aller jusqu’aux extrémités de la terre, mission que nous ne remplirons pas seuls, mais avec la force de l’Esprit Saint. Alors, « Pourquoi rester là à regarder vers le ciel ? »
Psaume 46 :
Tout ce Psaume s’adresse à l’ensemble des nations, les invitant à chanter Dieu car il est roi de toute la terre. « Dieu s’élève parmi les ovations, le Seigneur, aux éclats du cor (shophar) » : selon André Chouraqui, le poète évoque ici les processions qui montaient au Temple. Tous les versets répètent que Dieu est roi et qu’il est bon que tous et chacun le chantent, l’annoncent et l’acclament.
Lettre de saint Paul aux Ephésiens 1,17-23 :
Paul insiste sur le fait que l’esprit de sagesse que Dieu nous a donné nous permet de comprendre l’espérance et la gloire de l’héritage que nous recevons de lui. C’est la puissance infinie qu’il déploie pour nous, « la force même, le pouvoir, la vigueur, qu’il a mis en oeuvre dans le Christ quand il l’a ressuscité d’entre les morts et qu’il l’a fait asseoir à sa droite dans les cieux ». Il ne s’agit pas d’une force qui sert la domination, mais d’une force spirituelle qui règne dans le monde présent et dans le monde à venir. Cette puissance a fait du Christ la tête de l’Eglise qui est son corps, Eglise qui est l’accomplissement total du Christ, avec qui nous ne faisons plus qu’un. S’Il est monté au ciel c’est aussi pour nous préparer une place auprès de lui.
Evangile de Jésus-Christ selon Matthieu 28,16-20 :
Ce que les textes précédents ont dit de Jésus lui permet d’affirmer d’entrée : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre ». Il apparaissait comme roi, cette fois il se révèle comme Dieu tout puissant, mais avec nous, tous les jours.
Conclusion : Le Credo proclame que Jésus Christ, le Fils unique de Dieu descendit du ciel « pour nous les hommes et pour notre salut ». En montant au ciel, et en étant assis à la droite du Père, Il revient à sa place originelle. Désormais, comme les Juifs, nous attendons « qu’il vienne, pour juger les vivants et les morts ; et son règne n’aura pas de fin ».
Notes
Shophar : instrument en forme de corne de bélier. Sa sonnerie lors de l’office de Rosh Ha-Shana (nouvel An pour les Juifs), proclame la souveraineté de Dieu et annonce le jugement, donc les temps messianiques. (Le judaïsme , D. de La Maisonneuve, Les éditions de l’atelier, 2017).
Textes Parallèles
L’Eternel est monté dans une nuée (Is 19,1)
L’ange de l’Eternel monte dans la flamme (Jug 13,20)
Il abaissa les cieux et il descendit (2 Sam22,10)
Dieu descendit pour voir la ville (Gn 11,5)